Oum Kalsoum , dont le nom complet est Oum Kalsoum Ibrahim al-Sayyid al-Beltagui, née à Tmaïe El Zahayira en Égypte à une date non déterminée (1898, 1902 ou 1908 sont rencontrés) et morte le 3 février 1975 au Caire, est une cantatrice, musicienne et actrice égyptienne.
Surnommée l'« Astre d'Orient »[1], elle est considérée, plus de trente ans après sa mort, comme la plus grande chanteuse du monde arabe[2],[3]. Dotée d'un registre de contralto et de mezzosoprano, elle est connue pour sa voix puissante et ses chants consacrés à la religion, l'amour et la nation égyptienne[4]. Elle est également connue comme la « cantatrice du peuple » après s'être engagée dans des œuvres caritatives.
Son nom en arabe est celui de la troisième fille de Mahomet et Khadija. Il a été translittéré de plusieurs façons en alphabet romain. Les différentes versions existantes sont Oum Kalsoum en français, Umm Kulthum en anglais.
Biographie
Jeunesse
La date de naissance d'Oum Kalsoum n'est pas clairement établie[1]. Certaines sources citent 1898[2], 1902 ou 1908[5] alors que les registres de la province d'Ad Daqahliyah indiquent la date du 4 mai 1904 comme celle de sa naissance. Cependant, il n'était pas rare, à cette époque là, et surtout dans les régions rurales, d'enregistrer les enfants plusieurs mois ou années après leur naissance. Il est donc fort probable qu'Oum Kalsoum fût née durant les toutes premières années du 20ème siècle.
Oum Kathoum nait dans une famille pauvre de trois enfants. Sa sœur Sayyida est de dix ans son aînée et son frère Khalid d'un an. Sa mère Fatma al-Maliji est femme au foyer et son père, al-Shaykh Ibrahiim al-Sayyid al-Baltaji, est imam. Afin d'augmenter les revenus de la famille, il chante régulièrement des chants religieux lors de mariages ou de divers cérémonies dans son village et aux alentours[6]. La famille vit dans la petite ville de al-Sinbillawayn, dans le delta du Nil[7].
C'est en écoutant son père enseigner le chant à son frère aîné qu'Oum Kalsoum apprit à chanter. Elle apprenait certaines chansons par cœur et lorsque son père se rendit compte de ce qu'elle savait ainsi que de la puissance de sa voix, il lui demanda de se joindre aux leçons. Très jeune, la petite fille montre des talents de chanteuse exceptionnels, au point qu'à 10 ans, son père la fait entrer - déguisée en garçon - dans la petite troupe de cheikhs qu'il dirige pour y chanter durant les Mawlid et d'autres fêtes religieuses[3]. À 16 ans, elle est remarquée par un chanteur alors très célèbre, Cheikh Abou El Ala Mohamed, et par un joueur de luth, Zakaria Ahmed, tous deux l'invitant à les accompagner au Caire. Elle attendra d'avoir atteint l'âge de 16 ans pour répondre à l'invitation, et pour se produire - toujours habillée en garçon - dans de petits théâtres, fuyant soigneusement toute mondanité.
Succès
Très vite, deux rencontres déterminent sa vie. Celle de Ahmed Rami tout d'abord, un poète qui lui écrira 137 chansons et l'initiera à la littérature française, qu'il a étudiée à la Sorbonne. Mohamed El Qasabji, ensuite - virtuose du luth, lui ouvre le Palais du théâtre arabe, l'occasion pour Oum Kalsoum de premiers grands succès (L'amoureux est trahi par ses yeux). En 1932, sa notoriété est telle qu'elle entame sa première tournée orientale : Damas, Bagdad, Beyrouth, Tripoli, etc. Cette célébrité lui permet également, en 1948, de rencontrer Gamal Abdel Nasser, qui ne cache rien de son admiration et qui officialise en quelque sorte l'amour de l'Égypte pour la chanteuse, amour réciproque puisque Oum Kalsoum donnera de nombreuses preuves de son patriotisme.
Parallèlement à sa carrière de chanteuse, elle s'essaie au cinéma (Weddad, 1936 ; Le chant de l'espoir, 1937 ; Dananir, 1940 ; Aïda, 1942 ; Sallama, 1945 et Fatma, 1947) mais délaisse assez vite le septième art, le face-à-face émotif avec le public lui faisant cruellement défaut. En 1953, elle épouse un homme qu'elle respecte et admire, son médecin depuis de nombreuses années, Hassen El Hafnaoui, en prenant soin d'inclure tout de même la clause du pouvoir à la dame qui lui permettrait de prendre elle-même la décision du divorce le cas échéant.
Multipliant les concerts internationaux, elle vient en France à l'Olympia (Paris) en novembre 1967 ; et le président Charles de Gaulle lui envoie un télégramme de félicitations. Celle que l'on surnomme El Sett (la dame) commence à souffrir de graves crises néphrétiques.
Avec sa voix puissante et claire (Maria Callas aurait dit qu'Oum Kathoum avait une voix incomparable - 14 000 vibrations/seconde), Oum Kalsoum chante la religion, l'amour et la nation égyptienne. Amie du président Jamal Abdel Nasser, elle constitue avec l'homme politique l'un des symboles les plus forts de l'unité nationale égyptienne. Peu après la guerre de 1967 avec Israël, elle donne une série de concerts nationaux et internationaux, dont elle reverse les bénéfices au gouvernement égyptien.
La diva reste également dans les cœurs comme la « Cantatrice du peuple », s'investissant dans des œuvres caritatives en faveur des plus déshérités, et donnant elle-même de l'argent aux plus pauvres. L'une de ses biographies note qu'elle aurait aidé plus de deux cents familles de paysans au cours de sa vie[réf. nécessaire]. Revendiquant ses propres origines paysannes, la chanteuse a toujours vécu sans ostentation, souhaitant rester proche de la majorité de ses compatriotes.
Décès et funérailles
À partir de 1967, Oum Kathoum souffre de néphrite aiguë. En janvier 1973, elle donne son dernier concert au Palais du Nil et les examens qu'elle pratique à Londres montrent qu'elle est inopérable. Aux États-Unis, où son mari la conduit, elle bénéficie un temps des avancées pharmaceutiques mais en 1975, rentrée au pays, une crise très importante la contraint à l'hospitalisation. La population de son petit village natal du delta psalmodie toute la journée le Coran. Oum Kalsoum meurt le 3 février 1975 à l'aube.
Ses funérailles se déroulent à la mosquée Omar Makram du Caire où sont célébrés les plus grands musulmans. Le corps devait initialement être porté jusqu'à un véhicule qui l'aurait amené à sa dernière demeure mais face à l'afflux de personnes venues pleurer la chanteuse, et contrairement à la tradition musulmane, les autorités ont repoussé les obsèques de deux jours. Les funérailles d'Oum Kalsoum ont déclenché des scènes de détresses collectives[8] et la foule venue saluer le corps a dépassé le nombre attendu. Des stars du cinéma, des poètes, des hommes d'affaires, des ambassadeurs, des ministres ainsi que de nombreux anonymes ont formé un cortège de plus d'1,5 km (pour environ trois millions de personnes[9]), formant le deuxième plus grand rassemblement d'Égypte, après les funérailles de Nasser[5]. Les Caïrotes se sont emparés du cercueil et l'ont promené pendant trois heures dans les rues du Caire avant de l'amener à la mosquée al-Sayyid Husayn, une des favorites d'Oum Kalsoum. Là, le cheïkh de la mosquée a répété les prières funéraires et a prié les porteurs d'amener le cercueil à sa tombe, arguant qu'Oum Kalsoum était une femme pieuse et qu'elle aurait voulu être enterrée rapidement comme le recommande la tradition musulmane [6]. Elle a été enterrée auprès de ses parents et de son frère, au Caire[3].
Voix et technique de chant
Il est difficile de mesurer correctement l'étendue de sa voix car nombre de ses chansons ont été enregistrées en direct et elle prenait soin de ne pas forcer sa voix à cause de la durée de ses performances.
Oum Kalsoum a acquis sa technique de chant durant son enfance lorsqu'elle récitait des versets du Coran, ce qui lui a permis de développer sa voix car ces récitations requièrent une sensibilité musicale de l'oreille et des techniques proches des méthodes utilisées pour entraîner les chanteurs d'opéra ou de chœurs[10].
Influence et héritage
Charles de Gaulle l'appelait « La Dame » et Maria Callas « La Voix Incomparable ». En Égypte et au Moyen-Orient, Oum Kalsoum est considérée comme la plus grande chanteuse et musicienne. Aujourd'hui encore, elle jouit d'un statut presque mythique parmi les jeunes Égyptiens. Elle est également très populaire en Israël et en Palestine parmi les Juifs et les Arabes et ses disques se vendent encore à environ un million d'exemplaires par an.[réf. nécessaire]
En 2001, le gouvernement égyptien a inauguré le musée Kawkab al-Sharq ("astre de l'Orient") en mémoire de la chanteuse. Le musée abrite une série d'effets personnels ayant appartenu à Oum Kalsoum, dont ses célèbres lunettes de soleil et écharpes mais également des photos, des enregistrements et d'autres objets d'archives[11].
Discographie
Article de Wikipédia